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Chroniques d'avant-hier

~ par Laurent Jacques

Chroniques d'avant-hier

Archives Mensuelles: mars 2013

OUTILLAGE

31 dimanche Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Si l’on s’en remet aux sondages, ces machines à juger instantanément, le Président Hollande n’aurait pas vraiment convaincu les Français lors de son intervention télévisée de jeudi dernier. Malgré une certaine hauteur de vues sur les questions internationales, une réaffirmation de son rôle de seul maître à bord et une prise de distance imagée (« J’ai le cuir solide ») à l’égard des études d’opinion, il aurait laissé sur leur faim près de deux tiers des téléspectateurs. Il va bientôt falloir prendre le mot faim au pied de la lettre puisqu’on nous annonce une baisse historique du pouvoir d’achat.

Et c’est justement sur les sujets économiques et sociaux que le Président de la République était attendu. Pour exprimer sa détermination et sa longue préparation, il a déclaré, de façon étonnante : « J’ai une boîte à outils ». On sait bien que rien n’est laissé au hasard dans la communication politique moderne. Peu importe que les outils s’appellent banque publique d’investissement, pacte de compétitivité, emplois d’avenir ou autres contrats de génération – du gros outillage quand même – le recours à cette formule avait un objectif précis. Il s’agissait d’offrir, grâce à l’image bonhomme et familière de la caisse à outils, le visage d’un président proche des Français dans leurs préoccupations quotidiennes et leurs représentations habituelles.

Mauvais calcul. Le cliché était mal choisi. Il fallait du churchillien, à la rigueur du gaullien, et cette boîte à outils bien inopportune renvoyait aux clichés de l’artisan et du bricoleur. Dès le lendemain, les internautes et les twitterophiles se déchaînaient autour d’une petite caricature de F. Hollande en Mr Bricolage, publicité gratuite pour l’enseigne du même nom. Or dans l’esprit de nos concitoyens, le mot « bricolage » évoque, pour le meilleur, le plombier surchargé qu’on appelle en vain dans les chansons de Pierre Perret ou, pour le pire, ces travailleurs du week-end qui s’activent dans leur garage, entre un apéro-PMU et un match à la télé, à des ouvrages aussi incompréhensibles qu’inutiles tandis que leurs épouses, métaphores de Madame Merkel, s’occupent des choses essentielles.

Bref, notre bon François Hollande se trouve en butte à l’énorme Meccano industriel et financier de la mondialisation et on à l’impression qu’il demande à Jean-Marc Ayrault de lui passer une clé de 12. C’est comme réformer la Politique Agricole Commune avec une binette et un sécateur ou pourchasser les djihadistes au Mali avec un lance-pierres et un pistolet à amorces. Pas sérieux. C’est au demeurant l’impression générale que donne le pouvoir exécutif : il fait de son mieux mais sa communication reste tristounette à force de modestie.

Le Président se consolera de ces avanies avec les poèmes du « Marteau sans maître », un beau recueil de René Char.

CUIRASSE

30 samedi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Le Président de la République avait un rendez-vous télévisuel avec les Français. Sans surprise, sa prestation a été jugée de façon inégale par des observateurs pourtant réputés pour leur objectivité : les socialistes l’ont trouvée excellente et les autres, à peu près tous les autres, ont estimé qu’elle était très mauvaise. Pour dire le vrai, le Président était un peu filandreux sur les questions économiques et sociales et, à l’inverse, très à l’aise sur les sujets internationaux ou sur la réaffirmation de sa fonction, celle de seul maître à bord.

C’est d’ailleurs en faisant litière des critiques, des attaques et même des sondages d’opinion qu’il a eu sa phrase la plus étonnante : « J’ai le cuir solide ». Fort bien. Voilà un homme dont l’opposition, lorsqu’elle veut brocarder son inexpérience gouvernementale, rappelle qu’il n’a jamais détenu le moindre maroquin et qui nous assure cependant qu’il a du cuir et du solide. François Hollande est cuirassé.

L’expression convenue, dans le milieu politique, est plutôt d’avoir le cuir épais. Elle renvoie à l’impavidité de l’éléphant, à la force brutale du rhinocéros, ou aux ruses des crocodiles antédiluviens. C’est que tous ces animaux ont un petit air d’éternité. On leur prête l’expérience des centenaires, à tout le moins. Et de fait, ils ont le cuir épais. Cette évidence est incontestable pour le rhinocéros, qui semble, avec ses airs de tank, avoir été oublié par l’évolution. Malheureusement, il se raréfie car les Chinois se sont persuadés que sa corne réduite en poudre aurait des vertus aphrodisiaques. Pour l’esthétique, l’éléphant n’est pas mieux servi. Mais pour le blindage, A. Vialatte l’avait noté, il est irréfutable.

Le cas du crocodile, roi du marigot, est plus complexe. La peau de son dos est en effet très épaisse, noueuse, verruqueuse, brunie par les tanins des arbres déracinés lors des orages ; elle permet à notre crocodile d’imiter à merveille le tronc dérivant. Mais l’animal a une faiblesse, qui est comme une coquetterie : la peau de son ventre est douce et fragile. C’est du reste avec elle que l’on fabrique des escarpins et de jolis sacs à main. Le crocodile est un faux dur. On pourrait dire de l’hippopotame aussi que, sous son cuir gros et résistant, sa réputation est doublement surfaite. Il passe pour un placide brouteur d’algues fluviales. En réalité, dès le soir tombé, il monte manger les graminées des berges où son caractère irascible provoque nombre d’accidents mortels. Et s’il attend la nuit, c’est que notre gros pataud au cuir apparemment solide a, sur le ventre, le museau, les oreilles, une mignonne peau rose, délicate comme celle d’un porcelet qu’il lui faut protéger des rayons du soleil. Voilà pourquoi il reste en apnée du matin au soir.

Quoi qu’il en soit, notre Président, qui se faisait traiter de pingouin il y a peu, est en très noble compagnie avec ces géants africains. Il pourra se délasser des sondages avec « Le Crocodile » de Dostoïevski, où l’on voit qu’on peut survivre après avoir été avalé par un saurien.

TURCOMMUNISTE

29 vendredi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Les Iraniens ont une sorte de nouvel an qu’ils appellent « Nairuz », à prononcer « nez rouge ». La version kurde est le Norouz qui donne toujours lieu à de grandes festivités au Kurdistan. Mais où diable se trouve donc le Kurdistan ? Pour simplifier, il s’agit d’une grosse tache qui occupe le Sud-Est de la Turquie, le Nord de la Syrie et de l’Irak, mais aussi l’Ouest de l’Iran. Les Kurdes se rencontrent également dans nombre d’implantations éparpillées dans le centre de l’Anatolie et ils ont formé de petites communautés en Arménie, en Géorgie et en Azerbaïdjan. C’est peu de dire que Kurdistan est émietté ou écartelé, il est atomisé. Un peu martyrisé également. Les pays qui accueillent – ou qui supportent, selon eux – des populations kurdes ne sont d’accord sur rien, sauf sur un point : il faut taper sur la tête de ces bougres de Kurdes pour les obliger à renoncer au projet très irréaliste de constituer un Etat indépendant. Ce rêve ne manque pourtant pas d’allure puisque, dans toutes les régions où on les a confinés, il ne pousse guère que des cailloux parcourus par quelques chèvres étiques. En Irak, ils pouvaient espérer profiter des ressources pétrolières découvertes chez eux. Pas touche ! On leur a donné une vague autonomie en les éloignant des champs pétrolifères.

C’est cependant la Turquie de M. Erdo?an qui est la moins libérale avec les Kurdes. Il est juste de préciser que ceux-ci se sont majoritairement radicalisés au sein du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, organisation archéo-communiste responsable de nombreux attentats très sanglants. Après une longue traque, les Turcs ont fini par mettre la main sur Abdullah Ocalan, le chef du PKK. En suite d’un procès assez expéditif, ils l’ont condamné à la pendaison qui fut longtemps la manière turque de remettre les gens dans le droit chemin. La Turquie était alors candidate à l’entrée dans l’Union Européenne, son gouvernement a donc décidé de commuer la peine en prison à vie. C’est ainsi qu’Ocalan (un patronyme signifiant « celui qui se venge ») est, depuis 1999, le seul prisonnier de la petite île d’Imrali, dans la Mer de Marmara. On aurait tort de croire que ce rocher désolé ressemble aux Iles des Princes toutes proches où l’on exilait les nobles trop remuants aussi bien à l’époque de Byzance qu’à celle de Constantinople. Imrali, c’est l’enfer. L’ami Abdullah Ocalan devait, à la fin, s’y ennuyer un peu. Par le truchement de ses gardiens et de ses avocats, il a donc proposé une trêve au gouvernement turc. Recep Erdo?an a manifesté son intérêt, même si, dans les deux camps, les intégristes turcs et kurdes s’opposent à toute négociation. A l’occasion de la fête du Norouz, les dirigeants du PKK ont confirmé l’offre de cessez-le-feu avancée par leur chef. On en est là. Il n’est pas certain que le Kurdistan voie bientôt le bout du tunnel ni qu’Ocalan retrouve la liberté.

On comprend mieux les mystères de la politique turque en lisant la très vaste « Histoire de la Turquie » que vient de publier Hamit Bozarslan.

HORS-JEU

27 mercredi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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En match de qualification pour la prochaine Coupe du monde, la Croatie a battu la Serbie 2 buts à 0. Banal ? Pas vraiment. Les deux pays ont une telle mémoire de conflits – pas seulement ceux qui se sont donné libre cours lors de l’éclatement de la Yougoslavie – que les rencontres de football vont bien au-delà des enjeux sportifs. Michel Platini, moralisateur en chef de l’UEFA, avait d’ailleurs prévenu les deux fédérations concernées contre les débordements de leurs supporters assez réputés pour leur violence et leur nationalisme borné. Avant le match retour, les Croates peuvent dire qu’ils ont vengé les bombardements de Vukovar et de Dubrovnik.

On aurait tort de croire que ces errements de la foot-politique sont limités aux affrontements entre oustachis et tchetniks. Dans l’ex-Europe communiste, les noms des clubs, les très gracieux Partizan, Lokomotiv, Dynamo, Etoile rouge et autres Legia, avaient pour objectif d’affirmer la suprématie idéologique, un archaïsme que seul le Chaktar (= mineur) de Donetsk continue à assumer. Plus « moderne », le Zenit de St Pétersbourg a pour mot d’ordre de ne jamais engager un joueur de couleur…

Les oppositions sont parfois sociales. Ainsi la Lazio de Rome oppose-t-elle sa tradition aristocratique au populisme de l’AS Roma. Ou religieuses : à Glasgow, on est pour le Celtic quand on est catholique et pour les Rangers si l’on est protestant. Mais c’est la politique qui a la part belle. Surtout en Espagne. A Barcelone, les autonomistes se regroupent derrière le Barça et les unitaires derrière l’Español. Les indépendantistes basques soutiennent l’Atletic Bilbao tandis que les vrais Espagnols supportent la Real Sociedad, elle-même débaptisée entre 1931 et 1939 pour cause de République. Les amateurs de foot français ont de la chance : l’opposition immémoriale entre Marseille et Paris enferme et symbolise tous les antagonismes, Nord-Sud, capitale-province, riches-pauvres, rigueur-imagination, emploi-chômage, etc. Une rencontre entre l’OM et le PSG, c’est un peu le Brésil contre l’Allemagne. Les vrais connaisseurs le savent, on est là aux limites de la poésie et de la révolution.

Le football n’a bien sûr pas le monopole de ces affrontements symboliques. Il faut avoir vu les matchs de hockey sur glace entre l’URSS et la Tchécoslovaquie après l’invasion de celle-ci par celle-là pour comprendre ce que signifie vraiment l’expression « chercher des crosses », locution qui se vérifie aussi quand l’Inde et le Pakistan se rencontrent sur le gazon abandonné chez eux par l’Angleterre. Mais c’est bien un match de foot opposant l’armée allemande à une sélection de Kiev, le 9 août 1942, qui est entré dans l’Histoire sous l’appellation « Match de la mort ». Interdit de gagner. Laurent Binet en a donné une version littéralement tchéco-slovaque dans son remarquable « HHhH ».

FIDÉLITÉ

26 mardi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Le championnat de Formule 1 est devenu baladeur. Les constructeurs et les pilotes se mesurent désormais à Melbourne, Kuala Lumpur, Shangaï, Singapour et d’autres circuits toujours plus exotiques. A quand un grand prix d’Oulan-Bator ? Inconvénient majeur, les courses ne se déroulent plus, pour nous, à l’heure de la sieste. Pourtant, à raison de la supériorité écrasante de Red Bull qui donne des ailes et de Vettel qui donne les boules – une maîtrise aussi agaçante que les publicités télévisées pour les voitures Opel –, la F1 est redevenue aussi soporifique qu’à l’époque de la domination sans partage de Michael Schumacher.

Les Todt et Ecclestone ont certes vendu le barnum à Canal +, heureux de doubler TF1 grâce au DRS financier, mais les retransmissions n’y ont rien gagné. Les commentateurs de la une avaient trouvé leur rythme, aussi somnolent, il est vrai, que celui des courses. Sur Canal, on se trompe, on s’emmêle les pneumatiques, on commente moins vite que les panneaux hissés au bord du circuit. Une nouveauté cependant : le consultant recruté n’est autre que le sympathique Canadien Jacques Villeneuve qui sait ce dont il parle pour avoir été champion du monde et qui, chose étonnante, comprend l’anglais et se trouve donc capable de traduire les échanges entre les chevaux et les paddocks. A ce détail près, la Formule 1 est plus ennuyeuse que jamais.

C’est pourquoi les téléspectateurs ont pu s’estimer heureux de retrouver un peu d’improvisation lors du grand prix de Malaisie franchement obscurci par les consignes de non-dépassement données aux pilotes par leurs écuries. Le seul suspense réside désormais dans l’incident toujours possible pendant les arrêts destinés aux changements de pneumatiques. Ce n’est pas là qu’on attendait le fantasque Anglais Lewis Hamilton, lui aussi ancien champion du monde. Après avoir longtemps couru pour le Britannique McLaren, Hamilton a réveillé l’inter-saison en signant chez Mercédès où il a remplacé Schumacher revenu en vain de sa retraite dorée.

Hamilton doit changer ses pneus puisque le ciel de Malaisie, assez capricieux, est passé de la mousson à l’alizé. On le guette au stand Mercédès, où tous les mécaniciens sont prêts. Il s’engage dans la voie spéciale, décélère et… s’arrête au stand McLaren. Pas méchants, les techniciens anglais lui signalent son erreur et lui ouvrent la voie afin qu’il aille se garer chez ses nouveaux patrons. C’est émouvant comme ces chiens qui cherchent leur maître à des centaines de kilomètres ou ces chevaux qui ne peuvent aller nulle part s’ils ne repassent par l’écurie.

« Les vainqueurs ne savent pas ce qu’ils perdent ». C’est cette belle phrase de Gesualdo Bufalino que Ugo Riccarelli a mise en exergue de son ouvrage « L’Ange de Coppi ». On y parle de cyclisme, bien sûr, mais aussi de sport automobile.

FRIMAS

25 lundi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est bien connu. Aujourd’hui, les écologistes les plus savants ne savent pas plus que les météorologistes les mieux documentés expliquer un phénomène étonnant : le climat semble atteint d’une sorte de viscosité et les saisons ne répondent plus à la convocation du calendrier. Souvent précurseur, Michel Tournier avait noté, dans « Les Météores », qu’un touriste stratégiquement installé sur la Place Saint-Marc pouvait entendre simultanément l’intégralité des Quatre Saisons de Vivaldi grâce à la cacophonie organisée par les orchestres des cafés vénitiens.

On en est à peu près là. Voici peu, on nous décrivait un réchauffement climatique laissant tout à la fois craindre une submersion des Maldives mais espérer l’extension de la zone intertropicale à la Mer Baltique. Désormais, il est plutôt question de dérèglement. Plus rien n’est prévisible. Les neiges éternelles s’évanouissent sur le Kilimandjaro tandis que les bananeraies s’épanouissent dans la vapeur des geysers islandais. On a même vu un lion de mer égaré s’aventurer, avant-hier, dans les rues fort animées d’une bourgade côtière brésilienne alors que les zèbres du zoo de Krasnoïarsk s’ébrouaient de très bon cœur dans deux mètres de neige.

Il y a deux ans, le monde entier se réjouissait du « printemps arabe ». Avec le temps, il semble que les femmes, les universitaires ou les militants laïques des pays concernés soient d’une humeur moins printanière. Malgré le souffle de l’harmattan, c’est aussi l’avis des habitants de Gao et Tombouctou.

Et la France assiste à un étonnant printemps judiciaire. En une semaine, nous avons enregistré – pour les déplorer ou nous en féliciter, c’est une autre affaire – la démission forcée d’un ministre, une perquisition au domicile de la patronne du FMI et la mise en examen de l’ancien Président de la République. Selon les conventions habituelles, il ne saurait être question de discuter ici l’opportunité de procédures judiciaires en cours. Mais celui qui a été attentif au triomphe peu modeste de Mediapart, aux déclarations de l’ex-juge Eva Joly ou aux philippiques des procureurs du F.N. est en droit d’estimer que le printemps annoncé est assez réfrigérant. On ne peut s’empêcher de penser, comme devant un bonbon à la menthe, que la transparence invoquée de toutes parts a des petites allures de banquise.

Le nouveau pape lui-même a été mis en examen médiatique, dès après son élection, pour sa conduite à l’époque de la dictature argentine. Bizarrement, c’est la péroniste Cristina Kirchner qui est venue lui donner l’absolution. Elle est élue de Patagonie, et ses détracteurs la surnomment « la pingouine ». Décidément.

PASCALIBORON

24 dimanche Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Sans doute inspiré par le calendrier catholique, Barack Obama est entré dans Jérusalem à la veille de la fête des Rameaux. Traditionnellement, c’est l’olivier qu’on fait bénir et qu’on agite ensuite pour se préparer à célébrer la semaine sainte. Il est cependant connu que l’olivier, symbole de paix, ne prospère pas sous toutes les latitudes. Les autorités ecclésiastiques admettent donc qu’il soit remplacé par des palmes de cocotier en Afrique ou par des branchettes de buis, de laurier ou de saule dans les pays au climat plus difficile.

Ceux qui attendaient du président américain une initiative forte en faveur de la paix au Proche-Orient pourront se rabattre, ce dimanche, sur le saule pleureur. Obama doit composer, sur ce sujet comme sur tous les autres, avec une majorité de congressistes acclamant debout M. Netanyahou lorsqu’il vient s’exprimer devant eux. Ces élus américains tiennent à peu près le discours qui a valu à Véronique Genest, alias Julie Lescaut, de se faire agonir lors d’une récente émission de télévision. Son propos était à vrai dire assez peu nuancé. Les Palestiniens n’ont rien à faire en Judée-Samarie. Il existe, du reste, un Etat palestinien et c’est la Jordanie. Pourquoi la Syrie, l’Egypte et la Jordanie précisément n’ont elles pas réservé aux Palestiniens le Golan, Gaza et la Cisjordanie lorsqu’elles y étaient souveraines ? Bref, il n’y a rien à voir.

Barack Obama est cependant allé voir. Si l’on en croit les commentateurs autorisés, MM. Matthieu, Luc et Marc, Jésus serait arrivé à Jérusalem monté sur un âne par souci de modestie. C’est un peu curieux d’avoir l’humilité ostentatoire. Quoi qu’il en soit, le parti démocrate américain a lui aussi choisi l’âne comme emblème. Pas pour la sottise qu’on lui prête mais pour ses vertus d’obstination et de loyauté. Et donc M. Obama s’entête. Les Etats-Unis avaient parié sur l’Egypte de Moubarak aujourd’hui atteinte de convulsions politiques aux conséquences imprévisibles. L’ennemi restant être l’Iran, le moment n’est pas venu de marquer la moindre distance à l’égard d’Israël. Un saut à Ramallah et un petit tour à Amman, au total B. Obama aura fait à peine plus de chemin que R.L. Stevenson dans son très remarquable « Voyage avec un âne dans les Cévennes », un périple de deux semaines. Plus que jamais, on pourra s’étonner que la situation de guerre endémique proche-orientale soit décrite, depuis les lointains accords d’Oslo, sous l’appellation « processus de paix ». Les colombes, avec leur dérisoire rameau d’olivier, seront encore durablement au menu des faucons de la région.

Quant aux politiques français, ils sont engagés dans un remarquable chemin de croix judiciaire.

MÉGAMOULE

22 vendredi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Que ferions-nous, que saurions-nous, que serions-nous si La Dépêche du Midi ne venait pas nous apporter, avec une régularité obstinée, les grandes nouvelles du monde tel qu’il va, se perpétue et se transforme ? Ainsi cette grande enquête publiée voici peu à la signature de Christine Roth-Puyo et sobrement intitulée « Il faut sauver la moule préhistorique ». L’auteure note elle-même que le sujet de la vieille moule baptisée Grande Mulette peut a priori prêter à sourire. Il s’agit pourtant d’une question excessivement sérieuse.

Maegatifera Auricularia, c’est le véritable nom de cette ancêtre, vit en eau douce depuis des millions d’années (il s’agit, bien sûr, de l’espèce puisque chaque individu ne vit que jusqu’à 180 ans) et peut atteindre une taille de 20 centimètres. Si la moule n’était pas débitée en litres, on dirait qu’il suffit de deux ou trois mulettes pour livrer un kilo à la dégustation. Attention toutefois à ne pas en faire bombance car la grand-mère moule est devenue très rare. Elle ne survit guère qu’en France où sont recensés 99 % de ses naissains. Dans le Luy, affluent de l’Adour, on compte une grosse centaine de ces merveilles mais la Charente en abriterait 100.000 ! L’intérêt principal de ces populations n’est donc pas gastronomique et réside plutôt dans la protection de la biodiversité.

Encore que… On peut sauver les moules et leur faire jouer un rôle social. Les villes de Lysekil en Suède et de Fredrikstad en Norvège ont installé des aires de myticulture sur leurs côtes afin de filtrer les eaux usées rejetées par des Scandinaves moins précautionneux qu’on le croit généralement. Le système fonctionne parfaitement car la moule, en avalant le plancton engraissé par les égouts, fixe l’azote et le phosphore très dangereux pour l’homme. Et aussi pour la femme. Evidemment, il est hors de question de manger ces petites stations d’épuration, pas même avec du vin blanc ou du beurre persillé. En revanche, on peut très bien les transformer en farine de moule destinée à l’alimentation des volailles, ce qu’ont fait les Suédois de l’institut de biologie marine de Kristineberg. Après les tartes Ikéa et les lasagnes à la viande de cheval, il nous arrive toujours de Suède des avancées spectaculaires dans le domaine de l’alimentation.

Si un mytiloïde minuscule d’entre Göteborg et Bergen peut digérer les rejets de villes entières, on imagine de quelles prouesses écologiques serait capable la grande mulette. Nous suggérons donc à Delphine Batho, élue des Deux-Sèvres où la moule préhistorique doit bien se rencontrer, d’étudier sans préjugés cette belle perspective.

Pour retrouver la moule-frite traditionnelle, nous partirons, quant à nous en « Week-end à Zuydcoote » avec Robert Merle. Signalons enfin que la moule d’eau douce de la haute Loire et du haut Allier produit, dans l’indifférence générale, de remarquables et très précieuses perles naturelles.

DÉGOUPILLER

21 jeudi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Même les anglophiles le reconnaissent, l’Angleterre a le goût du paradoxe. On y conduit à gauche ; on ignore le système métrique ; on adore tout à la fois Cromwell et la Reine Elizabeth ; on vomit la France et les Français mais on n’a de cesse de s’établir en Dordogne ou dans le lot. Le très hirsute et sémillant maire de Londres, Boris Johnson, résume assez bien à lui seul les contradictions anglaises puisqu’il se présente comme un révolutionnaire conservateur.

C’est la banlieue de Londres précisément qui a forcé récemment l’attention des amis des bêtes et des défenseurs des bébés. Il se trouve que les renards pullulent dans les quartiers où s’étale la middle-class londonienne. C’est au point que plusieurs nourrissons ont été attaqués dans leurs berceaux par des goupils sans doute désappointés de trouver assez peu de lapins de garenne en zone urbaine. Partout ailleurs qu’en Angleterre, la solution logique se serait imposée : destruction massive des renards, au fusil ou à la chloropicrine, peu importe. Mais les lords, qui sont à l’Angleterre ce que les cardinaux sont à l’Italie, ont leurs habitudes sacro-saintes parmi lesquelles la chasse au renard. Pas une sotte chasse en battue ou à l’affut, non, mais une vraie chasse à courre. Or les équipages spécialisés s’aventurent assez peu dans les rues de Londres. Pour autant, leurs patrons, tous assez bien en cour (ce qui est doublement naturel), n’acceptent pas qu’on élimine les renards. L’Angleterre a donc fait le choix, au moins implicite, de sacrifier les bébés…

Dans le même temps, la campagne anglaise est envahie par les cervidés dont la prolifération bouscule tous les équilibres écologiques. S’il ne s’agissait que de biches et de chevreuils, la situation ne serait pas différente de celle qu’on connaît dans tous les pays d’Europe. Mais les Anglais ne font rien comme tout le monde. En l’occurrence, l’espèce invasive est le muntjac. Qu’est-ce donc qu’un muntjac ? C’est un petit cerf rapporté des Indes par les officiers coloniaux – dont le duc de Bedford, grand chasseur de renards – et qui s’est particulièrement bien acclimaté dans le Suffolk. Peut-être les lords pourraient-ils consentir à courir le muntjac. Pas question. Peut-être les autorités pourraient-elles ordonner la capture des renards londoniens et leur transfert vers le Suffolk puisque le faon d’un micro-cerf ne doit pas être beaucoup plus gros qu’un lièvre ou un lapin et serait sans doute appétissant pour Maître Renard. Trop simple. Laissons plutôt mourir les enfants.

Nous recommandons formellement à Boris Johnson la lecture d’un beau livre du très décrié Richard Millet : « Le Renard est dans le nom ».

PORC FLUVIAL

20 mercredi Mar 2013

Posted by laurentjacques in Le blog de Laurent Jacques

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Au dernier Salon de l’Agriculture, les porcs tenaient, si l’on peut dire, le haut du pavé. Voilà peu, le roman « Belle et Bête » de Marcela Iacub, argentine comme le nouveau pape, mettait lui aussi le cochon en vedette. En Angleterre même, l’animal se signalait à l’estime publique dans sa croisade anti-intégristes puisqu’on avait retrouvé du porc dans des saucisses halal distribuées à Londres. Tout allait donc bien pour les cochons.

Et puis de terribles images nous sont venues de Shangaï. On connaît bien les cochons d’Inde mais assez peu ceux de Chine, sauf sur des vignettes philatéliques surannées où les cochons chinois tachetés de noir et de blanc ressemblent, pour dire le vrai, aux mustangs des Indiens Cheyennes. Or la Chine possède désormais – grâce à des souches venues de France, il le faut signaler – un secteur porcicole très performant avec d’énormes cochons roses et appétissants.

Mais depuis une dizaine de jours, une catastrophe s’est abattue sur ces pauvres bêtes. On en découvre plusieurs centaines chaque jour dans le fleuve Huangpu qui alimente l’immense ville de Shangaï en eau potable. Ils n’y arrivent pas sous les dehors sportifs de cochons épris de natation mais sous la forme lamentable d’outres gonflées par la putréfaction et dérivant lentement au fil de l’eau. C’est affreux à voir. Avant-hier soir, on en était à 15.000 porcs ainsi repérés et repêchés.

On ignore les raisons exactes de ce sinistre cortège funéraire qui n’est pas sans rappeler, toutes choses égales par ailleurs, la lente dérive des bûchers mortuaires sur les eaux du Gange. L’hypothèse d’un suicide collectif à l’image de ceux des lemmings semble exclue, de même que celle d’un vaste sacrifice propitiatoire offert par une quelconque secte post-maoïste. La thèse la plus plausible serait celle d’une épizootie entraînant la mort des verrats, des truies et des porcelets, suivie d’un jeter à la rivière par des éleveurs peu soucieux d’assumer les frais d’équarrissage. Même si cette maladie ne paraît pas pouvoir être transmise directement à l’homme, fût-il chinois, ni à la femme, on peut imaginer que la viande de porc pourri n’est pas le meilleur adjuvant possible pour l’eau du réseau shangaïen. D’accord pour le jambon à l’os mais pas pour le jambon à l’eau.

On se demande quand la navigation des cochons morts va s’arrêter. On est habitué à voir des rats crevés passer au fil de l’eau Et même quelques chiens estourbis. Mais des porcs… On est obligé de penser à cette adage de sagesse chinoise qui suggère à l’impatient, à l’agité de s’asseoir plutôt au bord du fleuve en attendant que passent les cadavres de ses ennemis. Certes, mais qui en voulait donc à ce point aux cochons chinois ?

Sur un sujet proche, on pourra lire, dans « Les nuits de Vladivostok » de Christian Garcin, l’étonnant dialogue entre un Français et un Chinois. Le premier reproche au second de manger du chien. Le Chinois rétorque : « Vous mangez bien du cheval ». Eh oui ! Et même plus souvent que nous le souhaiterions. A quand les lasagnes Findus au cochon crevé ?

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